La leçon en trois temps selon la pédagogie Montessori

31 mars 2022 0 Par Les Trésors de l'Apprentissage

Avant toute chose, il est nécessaire de remettre l’église au centre du village. La leçon en trois temps n’est pas une invention de Maria Montessori, mais d’un pédagogue français, Edouard Seguin, né presque 70 ans avant la célèbre doctoresse italienne. Cette dernière s’est beaucoup inspirée des travaux d’Edouard Seguin qui s’est très vite penché sur l’éducation des enfants présentant des déficiences mentales et cognitives.

Qu’est-ce que c’est que cette leçon en trois temps ?

Cette technique fait donc partie de la base de l’enseignement prodigué par la pédagogie Montessori. En effet, elle a pour but de permettre l’acquisition du vocabulaire et de l’étoffer.

Maria Montessori accorde une très grande importance au développement langagier des enfants car selon elle, la capacité de nommer permet par la suite d’en parler, d’expliquer et donc de développer la parole mais aussi la compréhension du monde qui les entoure.

C’est une leçon qui se fait essentiellement de manière individuelle afin de permettre justement de s’adapter à chaque enfant, puisque tous n’avanceront pas au même rythme.

Comment cela fonctionne-t-il ?

Afin de proposer une leçon en trois temps efficace, pour des apprentissages pérennes, l’éducateur ne proposera pas plus de 3 mots en même temps. On utilisera pour cela des cartes de nomenclature ou des images classifiées (sans texte dessous). Mais il est également possible d’utiliser des objets.

Pour les besoins de cet article, j’ai choisi d’utiliser les cartes de nomenclature de l’imagier des champignons, que vous pouvez retrouver sur la boutique en suivant ce lien.

Temps 1 : l’introduction

les trois cartes sont placées sur la table face à l’enfant. L’éducateur est situé à côté de l’enfant. Il va alors pointer du doigt, tour à tour chaque image en les nommant : « c’est une morille », « c’est un cèpe », « c’est une amanite tue-mouche ». Cette première étape se fait sur un temps relativement court et de manière assez dynamique pour garder intacte l’attention de l’enfant

Temps 2 : l’expérience

Si pour la première étape, l’éducateur était le seul à être physiquement actif (en montrant du doigt et en parlant), dans cette deuxième étape, l’enfant se met à son tour en mouvement. L’éducateur va demander à l’enfant de montrer l’image nommée : « montre moi le cèpe », ou bien « prends la morille ». Ne pas hésiter à varier le type « d’ordre ». Le but est de construire une association entre le nom et le champignon. L’enfant devient capable de faire le lien entre le nom et l’image sans toutefois nommer le champignon.

Lorsque l’enfant choisit la bonne carte, on acquiesce et on continue avec les deux autres cartes.

Cette étape de construction du lien entre nom et image est plus longue. Il est nécessaire de bien prendre le temps, parfois sur plusieurs séances, afin de consolider les apprentissages et de faire en sorte que l’enfant ait acquis chaque mot de vocabulaire.

Temps 3 : le rappel

Pour cette troisième étape, il sera demander à l’enfant de restituer verbalement les termes appris lors des deux étapes précédentes. L’éducateur montre du doigt une des cartes et demande : »qu’est-ce que c’est ? » Comme pour le deuxième temps, on valide la réponse lorsqu’elle est juste.

Cette fois, l’enfant doit être capable de nommer les champignons, cette étape a donc pour but de vérifier que les apprentissages sont acquis.

Pour être certain que les connaissances sont bien ancrées, l’éducateur peut aussi changer l’ordre des cartes.

Comme pour le deuxième temps, cette étape peut être aussi un peu plus longue et s’étaler sur plusieurs séances

Que faire si les réponses données par l’enfant ne sont pas justes ?

Dans la pédagogie Montessori, comme dans l’immense majorité des pédagogies alternatives, on ne réprimande pas l’erreur. En effet, l’erreur fait partie intégrante des apprentissages, elle permet l’expérience et la réflexion.

Si l’enfant n’apporte pas la réponse attendue, on ne s’attarde pas sur l’erreur, mais on ne laisse pas l’enfant face à la difficulté. Naturellement, on recommence le temps précédent afin de travailler sur l’ancrage de l’apprentissage.

Prenons l’exemple de nos champignons. Au troisième temps, l’éducateur pointe du doigt la morille et demande « qu’est-ce que c’est ? ». L’enfant répond « le cèpe ».

Dans ce cas, l’éducateur reprendra l’étape 2 et dira : « montre moi l’amanite tue-mouche – bien – montre moi maintenant le cèpe – super – et maintenant où est la morille ? »

C’est ce va-et-vient entre les différentes étapes qui rendent la leçon en trois temps intéressante. En effet, cela va permettre à l’enfant de solidifier durablement ses connaissances.